mercredi 22 mars 2017

Mme. Watanabe


Mme. Watanabe était médecin à Kobe. Et puis elle en a eu marre des lobbyistes qui lui versaient des sommes indécente pour prescrire leurs médicaments. Elle a pris un aller-simple pour Ishigaki, et, résidant pour une durée indéterminée à l'hôtel où je travaille, elle raconte à qui veut l'entendre à quel point elle se sent libérée et heureuse.

Lorsque j'évoque les différents pays que j'ai arpenté, vivant au jour le jour et travaillant le moins possible, seulement lorsque l'argent venait à manquer ou pour obtenir un visa, son émotion est évidente. Et au moment de prendre le volant de sa voiture de location pour un autre hôtel, après avoir longuement conversé sur le parking, elle me remercie ardemment et laisse échapper une larme.

A la rencontre suivante, Mme. Watanabe m'annonce qu'elle a trouvé un petit boulot au loueur de masques et tubas de la plage de Yonehara. Ca s'est passé comme souvent dans les îles, elle a raconté son histoire, expliqué qu'elle était là pour un moment, et le patron lui a offert un job. Elle pouffe de rire en avouant qu'elle en profite surtout pour utiliser le matériel gratuitement et déguster à l’œil les sorbets de la maison. Elle a acheté au patron une petite voiture pour seulement 220,000 yens, et loue à partir de la semaine prochaine une maison traditionnelle pour un prix dérisoire, à un vieux pêcheur qui ne l'utilise plus.

A l'image du Sieur Nagasaki, nombreux sont ces transfuges qui gagnent à migrer dans les îles du sud, au moins pour un moment.