mercredi 13 juillet 2016

L'île des possédants

Nico n'a pas été très impressionné par les restaurants ici, malgré de une agriculture locale riche. Je rejoins son avis et l'explique par le monopole qu'exercent une poignée d'entrepreneurs sur le commerce local. Ces quelques gros possédants ouvrent ici un resto, là un hôtel ou un bar ou encore un karaoké, dans le seul but de maximiser leur profit et au mépris de toute prétention qualitative. Ils n'y travaillent pas, ne s'investissant donc d'aucune façon autre que purement financière, et ils réduisent au minimum leurs "coûts", choisissant des produits bas de gamme ou tout juste corrects et payant leur personnel souvent en dessous du salaire horaire minimum ou, pire, au mois, faisant alors travailler leurs salariés des horaires impossibles. Ces employés souvent amateurs et peu motivés, du fait de leur maigre salaire, ne peuvent offrir un service que tout juste satisfaisant, mais vendu au prix fort à une clientèle touristique, qui suivra les "recommandations" des journaux locaux qui sont en fait des publicités déguisées. Les saisonniers aussi fréquentent ces lieux pour socialiser, faute de mieux, étant donné que la socialisation se passe ici quasi exclusivement à l'extérieur du domicile.

Ainsi le patron du café où travaille Junko pèse ici très lourd en tant que loueur de jet ski, sa principale activité, mais il a aussi racheté en catimini un izakaya l'année dernière. Il est par ailleurs, à 39 ans, gérant d'une vingtaine d'izakayas dans son Nagoya natal. Le patron du magasin de sports nautiques voisin, également natif de Nagoya, loue aussi des voitures européennes de luxe, et s'est offert récemment un yakitori. Le patron du restaurant où travaille Yagi-chan possède aussi une chaîne de magasins de proximité et plusieurs immeubles à louer. Le patron du Miyako Onsen Hotel possède aussi la clinique privée qui lui fait face...

vendredi 8 juillet 2016

Plage de Ishizaki


Située juste à côté de la plage du Club Med Kabira Ishigaki, la plage d'Ishizaki est considéré comme une plage secrète, fréquentée seulement par les locaux.


Pour peu que l'on fasse l'effort de traverser la centaine de mètres d'eaux troubles et peu profondes infestées de serpents de mer, on accède à un paradis de poissons tropicaux.


De là, en s'aventurant un peu plus loin, là où la profondeur atteint les vingt mètres, nous avons de fortes chance de croiser l'animal célèbre d'Ishigaki, la raie manta.


Elle évolue gracieusement, planant à travers les étendues d'eau, puis virevolte avec une célérité désarmante au vue de sa taille.



M. Sakiyama

M. Sakiyama nous prenait en stop cet après-midi avec Julien, en direction de Kabira. Comme c'est souvent le cas, il annonce d'abord qu'il ne va pas aussi loin, puis la conversation s'anime, il passe un coup de fil pour décaler un rendez-vous, puis déclare que finalement il concède à nous emmener à destination. M. Sakiyama est empathique de notre situation, quand il nous a vu au bord de la route, le pouce levé, il s'est dit : "Deux jeunes; ils n'ont pas d'argents; je vais les aider!" Nous lui assuront en retour notre gratitude.

Pour un retraité de 73 ans, le nombre de ses activités est impressionnant:

"Tiens, attrape un des sacs du panier dans le coffre, lance-t-il à Julien, assis sur la banquette arrière, Regardez, je pars découper ça le matin entre 6 heures et 9 heures, c'est de l'adan, une plante comestible locale, que je conditionne et vend aux izakayas."


Il arrête sa voiture sur le bas-côté et pointe un arbre à longues branches pointues et édentées similaires à celles de l'aloe vera, et aux fruits ressemblant a des ananas.


"- Je peux me faire 20,000 à 50,000 yens par matinée de récolte avec ça! Sinon vous venez de quel pays?
- De France.
- Ah, j'ai jamais été. Mais ma femme est Espagnole. Enfin, son père est Espagnol; Et sa mère est Philippine. Elle bosse à Tokyo, pour une école de langues que j'ai monté. Moi aussi j'y suis la plupart du temps, mais je suis rentré pour accueillir six personnes des Phillippines qui habitent chez moi, et à qui je trouve du boulot.
- Waouh, ça doit être sympa l'ambiance chez vous! Ils parlent japonais? Ils font quoi comme taf?
- Tu sais, il y a toujours beaucoup de boulot sur une île comme celle-ci. En général, les femmes font des ménages dans les hôtels. Et les hommes travaillent dans les champs, où c'est plus physique.
- Mais les Philippins peuvent bosser sans visa ici?
- C'est-à-dire qu'avant, ils ne venaient que pour trois mois. Mais j'ai monté une agence de recrutement à Manille, une structure qui permet de leur délivrer des permis de travail d'un an.
- Génial. Je suppose qu'un salaire au Japon est plus intéressant pour eux que de travailler au pays. Ils doivent même pouvoir envoyer de l'argent à leurs familles.
- C'est l'idée en effet. En plus je leur paye les billets d'avion. Tu sais, j'arrive à avoir des revenus comfortables, mais j'en redistribue une bonne partie de cette façon, en aidant ceux qui galèrent.
- Voilà une mentalité admirable, malheuresement trop rare ici.
- Tu as raison. De plus, les Japonais ont une facheuse tendance à se méfier des Etrangers. Pour moi, nous sommes tous des Humains avant tout.
- Oui, j'ai remarqué... La seule utilisation de ces catégories - "Japonais"/"Etranger" - de façon quotidienne me dérange pronfondément.
- Je te comprends tout à fait. Voilà, à mon sens, un vrai problème de société.
- Merci beaucoup de partager ce sentiment."

De plus, M. Sakiyama se rend parfois en Indonésie, d'où il a importé à Ishigaki une variété de mini noix de coco, non pas par la taille du fruit, mais de l'arbre, qui ne pousse pas à plus de deux mètres de hauteur, ce qui rend la cueillette bien plus aisée que les cocotiers traditionnels.

jeudi 7 juillet 2016

Naoto


Il y a deux ans, Naoto (à droite sur la photo) à reprit le restaurant que son frère aîné tenait depuis plus de vingt ans. La spécialité en est la soupe de nouilles à la viande de chèvre ou de boeuf. Il découpe les bêtes lui-même et concocte sa pâte de soja maison pour le bouillon, auquel il ajoute du sang.


Naoto se targue d'avoir six passe-temps originaux, dont le bras de fer, pratiqué tous les mardi soirs à son restaurant, et le tressage de petits paniers à bandoulière, dont il m'offre un exemplaire pour me souhaiter la bienvenue sur l'île.

Il clame haut et fort qu'il ne se tue pas à la tâche ("頑張らない!" ganbaranai), fier de sa qualité d'îlien, et contrairement au "mode de vie japonais" qui inciterait à trop travailler. Ainsi me defend-il de recommander son resto à quiconque, pour ne pas être débordé de clients.


Je ne vous invite donc pas, pour le bien de Naoto et le respect de son mode de vie, à venir déguster ses succulentes nouilles agrémentées de généreux morceaux de boeuf.

mercredi 6 juillet 2016

Mont Maapee et Hirakubozaki


Nous embarquons avec M. Matsumoto, Julien, Keisuke et Akiko, dans la voiture empruntée à Ken pour la journée, vers le Mont Maapee (officiellement le Mont Nosoko).



Keisuke, qui connaît bien l'île pour y avoir vécu trois ans, gare la voiture à seulement quinze minutes d'ascension à pied du sommet.











Nous continuons ensuite la route vers le point le plus au nord d'Ishigaki.



A la beauté scénique incontestable.






mardi 5 juillet 2016

Plage de Nishihama


Hateruma est une des cinq îles de Yaeyama, accessibles en bateau depuis Ishigaki. Elle se situe le plus à l'ouest de ces îles, et est le territoire le plus au sud de tout le Japon. On y accède en environ cinquante minutes de ferry.



La plage de Nishihama en est l'attraction principale. Le meilleur spot de snorkeling du Japon, selon Keisuke. 


En effet, les champs de coraux sont impressionnant de beauté et semblent parfaitement préservé des activités humaines.




On croise ici quelques espèces parmi les plus timides, difficilement observables, comme ici un rare spécimen de poisson-coffre (ostraciidae)


Comme des espèces plus fréquentes et peu farouche, comme ce couple de poissons-papillons jaunes, qui m'accompagnera et se montrera très joueur tout au long de l'heure et demi que dure ma baignade.





dimanche 3 juillet 2016

Comment ne pas obtenir un visa pour le Japon 2

Le 14 mai, Yagi-chan, bien décidé à me voir obtenir un permis de travail, m'emmenait prospecter dans trois resorts. Les trois se ressemblaient trait pour trait dans leur configuration (6 ou 8 villas privatives, parfaites pour une lune de miel, à partir de 50,000 yens la nuit) comme dans leur localisation (vue imprenable sur la mer) et leur architecture (toits rouges imitants les maisons traditionnelles).

Apprenant par Yagi-chan que la plus récente de ces resorts, ouverte en avril de cette année, a publié dans le journel des offres d'embauches pour trois membres du personnel, je postule par courriel. Je reçois rapidement une réponse et une offre d'entretien d'embauche.

Autre élément prometteur: le gérant est un indigène, basé à Naha où il dirige une entrepise d'mmobilier.

Je me rends à l'entretien confiant, attiché de ma plus belle chemise kariyushi (un vêtement préférentiel à Okinawa dans tout contexte officiel). Le responsable me présente les lieux, puis m'annonce rapidement que je serais parfait pour le poste de réceptionniste, mais que mes tâches seraient variés. Je participerais notamment à la composition du menu (qui comporte une importante section "cuisine française"), et on me demandera aussi de nettoyer la piscine ou d'aider en cuisine ou au service, tout en assurant un accueil de qualité mais détendu à la clientèle fortuné. Je ne cache pas mon enthousiasme à l'énoncé de cette description de poste aguichante. Et mon avenir professionnel dans cette entrpeprise me semble autant promit qu'assuré.

J'ose même penser que le feeling est réciproque, que leur désire de m'embaucher est suffisant pour se donner la peine de faire les démarches nécessaires. Au moins d'essayer. J'envoie donc les coordonnées du bureau d'immigration au responsable, qui répond toujours promptement et affirmativement.

Puis plus de nouvelles. Préférant chercher rapidement la voie d'une relation la plus directe possible avec le patron de l'hôtel, je commence à mentionner autour de moi mon désir d'y travailler, cherchant par ailleurs des connaissances potentielles dudit patron qui pourraient glisser un mot favorable à mon sujet.

Mais la seule personne capable de m'en dire davantage sur le mystérieux propriétaire, un mois et demi plus tard, est le patron d'un autre hôtel, que je rencontre après avoir passé une journée à faire des lits pour combler un peu la déficience de personnel en ce début de haute saison (à l'approche du mois de juillet). M'entendant prononcer le nom de l'hôtel dont j'attends toujours des nouvelles, quoique m'octroyant la latitude d'explorer d'autres options, il écarquille les yeux:

"- Ah non, ça m'etonnerait que ça le fasse avec cette boîte-là, mon garçon! L'ancien proprio a vendu, n'a pas payé son personnel ni remboursé les banques. Il s'est tout bonnement volatisé!
- Mais je croyais qu'ils venaient juste d'ouvrir, en avril?
- Oui, c'est ce qu'ils font croire, car la vente s'est passée en quati-mini.
- Pourtant j'ai visité l'hôtel, ils semblent faire le plein... aux tarifs où sont les chambres les affaires doivent être plutôt bonnes, non?
- Ecoute mon garçon: J'ai vingt ans de métier dans l'hôtellerie. Ce genre de resort, avec quelques villas hors de prix, ici ça ne marche pas, point barre. Les gens peuvent trouver moins cher et tout aussi bien sans problème."

Etant par ailleurs de plus en plus au fait de certaines magouilles de quelques gros bonnets avides à Miyako, et ayant vu, en tant que membre du personnel donc de l'intérieur, le rendement effectif de son hôtel, je n'eu d'autre choix que de me résigner à tirer un trait sur ce rêve naissant où je me voyais déjà réceptionniste des stars venant trouver refuge quelques nuits sur l'île paradisiaque.